Pugey il y a un siècle

Le bourg de Pugey a radicalement changé d’apparence au cours des trente dernières années et la population communale outre le fait quelle s’est accrue considérablement, ne présente plus le même profil socio professionnel que précédemment, les citadins travaillant à la ville étant venus se mêler aux familles installées ici depuis des générations.

Mais comment vivait-on à Pugey, et qui habitait ici il y a un siècle ou plus précisément en 1911?

Cette année-là un recensement eut lieu comme en 2016. Sa consultation est riche d’informations sur la composition des familles et les professions exercées à cette époque. Elle confirme la vocation exclusivement agricole du village, et ce depuis son origine jusqu’au déclin à l’issue de la seconde guerre mondiale. Une petite tuilerie avait bien fonctionné jusqu’au XIXème siècle, avant de cesser son activité.

Comment se présentait alors Pugey ?

Les photographies d’époque nous montrent un bourg bien moins étendu qu’aujourd’hui dont les fermes et habitations étaient regroupées entre l’église et la route de Levier (1). Il n’y avait nulle part de trottoirs, les troupeaux de vaches faisaient leurs allers-retours entre étables et prés et le fumier s’amoncelait devant les fermes. Pas de tracteurs, mais des chariots tirés par des chevaux. L’électricité, l’eau courante et le téléphone faisaient défaut. Le lavoir, alors couvert, était comme partout un lieu de rencontre privilégié entre les femmes du village.

Toutefois un événement majeur avait été fêté l’année précédente : la ligne du Tacot reliant Besançon à Amathay-Vésigneux venait d’être mise en service le 1er septembre 1910, offrant une ouverture inespérée sur la ville et les villages des plateaux à une population quasi dépourvue de moyens de transport.

Le lieu-dit « la gare » marque aujourd’hui l’emplacement de l’arrêt du tacot (2).

La troisième République dirigeait le pays depuis le 4 septembre 1870, année qui devait rester marquée dans le souvenir des habitants nés au village avant cette date. En effet, début 1871, lors de la guerre franco prussienne, Besançon fut soumise au blocus Allemand et des combats eurent lieu en particulier au Mont Gardot à 6 km de là. Les habitants entendirent les tirs des batteries françaises positionnées à la Grange rouge (Busy) et furent spectateurs des mouvements de troupes et du passage des chariots chargés de blessés dont certains seront soignés au chalet d’Arguel transformé en ambulance (3).

Que dit le recensement de 1911 ?

Pugey comptait alors 195 « individus » répartis en 58 « ménages », soit 3,36 personnes en moyenne par ménage. Les enfants étaient au nombre de 57.

Certains patronymes que l’on rencontre encore aujourd’hui étaient dominants : Buttet (28 sur 6 foyers), Lhomme (15 sur 4 foyers), Bassand (14 sur 2 foyers), Léonard (12 sur 2 foyers), Carmille (11 sur 2 foyers)…la famille la plus nombreuse comptait 8 personnes.

Première surprise : 49 personnes n’étaient pas nées à Pugey, mais dans des villages des premier et second plateaux. On trouvait toutefois 2 parisiens, 2 bisontins et 1 burgienne.

Une confirmation : parfois trois générations cohabitaient dans un même foyer: parents, enfants, petits-enfants.

Second surprise : quatre agriculteurs disposaient d’un domestique vivant à demeure.

Autre confirmation : l’essentiel des chefs de famille étaient des cultivateurs, profession attribuée également au conjoint et aux enfants sortis de la scolarité. Outre ses 126 cultivateurs, Pugey comptait un couple de propriétaires, un menuisier, un maréchal-ferrant, deux cuisinières (domestiques du curé et des propriétaires)…

La commune avait bien sûr son instituteur ainsi que 3 cantonniers dont un chef. La fonction de maire était logiquement tenue par un cultivateur (4). Mr le curé logeait au presbytère où il disposait d’une domestique.

La population demeura stable cette année-là avec une naissance, un décès et un mariage entre Pugelots (5).

Trois ans plus tard puis en cours de guerre, certains des hommes du village (ceux nés entre 1867 et 1893) seront mobilisés pour prendre part premier conflit mondial dans l’armée d’active ou la territoriale. Certains d’entre-eux mourront, d’autres reviendront blessés. En 1918 au retour des hommes la vie reprendra son cours avec les évolutions démographiques sociales et professionnelles à venir et une amélioration progressive des conditions de vie.

 Guy MOLLARET

Notes :

(1) 54 maisons recensées sur la commune, dont une partie dans les hameaux et lieu-dit, les habitations des agriculteurs étant traditionnellement intégrées à leurs fermes. Demeure bourgeoise, l’ex maison fortifiée dite Château-Bassand veillait sur le bourg depuis le XVIIème siècle.

(2) on ne trouve pas de photographies de la gare dans le domaine public… Elle était identique à celle de de Rugney qui existe toujours.

(3) c’est en 1919 que le docteur Henri Bon acheta le chalet d’Arguel pour en faire une clinique.

(4)Maxime Troutet

(5) celui de Vital Constant Guinchard et Maria Albertine Brézard. Sur le recensement, antérieur à cette union, Vital apparaît comme enfant d’Adèle Guinchard, chef de famille et Maria comme enfant de Marie Brézard également chef de famille.

Sources : Archives départementales du Doubs / documents numérisés en ligne

-Table décennale d’Etat-civil 1903-1912 :https://recherche-archives.doubs.fr/ark:/25993/a011307347308hicrhy/12/1

-Recensement de 1911 : https://recherche-archives.doubs.fr/ark:/25993/a011307347264Jbhngz/2/1